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Grève chez Brussels Airlines - analyse des luttes dans les filiales de Lufthansa

Dernière mise à jour : 24 août 2021


Un préavis de grève a été déposé chez Brussels Airlines. Le 2 août dernier, le personnel de cabine de Brussels Airlines avait déjà mené pour la 1e fois une action syndicale pour protester contre la détérioration de ses conditions de travail (rotations de vols plus rapides, manque de temps de repos…), un an après les licenciements posés chez Brussels Airlines par la maison-mère Lufthansa. Au total, il y eut 60 licenciements et plusieurs départs volontaires ainsi que des prépensions, ce qui a entraîné une augmentation de la productivité. À l’époque, Lufthansa avait demandé 290 millions d’euros d’aide à l’État belge pour résoudre ses « problèmes » de trésorerie suite à l’arrêt de nombreuses lignes pendant le 1er confinement. Si nous soutenons évidemment la lutte des travailleurs de Brussels Airlines, il est intéressant de se demander ce qui se passe dans les autres filiales de Lufthansa.


Est-ce le seul cas de Brussels Airlines ? Qu’en est-il des autres filiales ?


Revenons à l’été 2020. Le Parti du travail d’Autriche (PdA) sortait alors un article sur la situation à l’Austrian Airlines (AUA), filiale de Lufthansa et le même type de chantage à l’emploi qu’a exercé la compagnie aérienne allemande sur le gouvernement autrichien. 150 millions d’euros ont ainsi été directement accordés à AUA plus un prêt de 300 millions. Tandis que l’AUA était officiellement « sauvée », en Belgique, la nationalisation a été évoquée par certaines organisations de gauche pour sauver les emplois de brussels airlines et relancer une compagnie aérienne nationale belge. Il faut ici rappeler que la nationalisation n’était pas une revendication des travailleurs eux-mêmes. Par ailleurs il faut se demander si c’était une bonne idée.


En effet, le secteur de l’aviation est saturé. C’est un marché fini (ou quasi fini). Il n’est pas possible de créer de nouvelles lignes et destinations sans fin. Or, comme l’analysait Marx, le capitalisme a deux solutions pour surmonter la crise (les deux solutions portant les germes de la prochaine crise) : soit en conquérant de nouveaux marchés (et dans ce cas c'est impossible), soit en détruisant des forces productives de manière violente (licenciements). Dans ce cas, la nationalisation aurait probablement conduit aux licenciements par la puissance publique elle-même. Au final, l’État tant décrié par les libéraux et le patronat pour pouvoir privatiser est sollicité lors des crises, en l'occurrence de surcapacité, pour renflouer les caisses des capitalistes. Une nationalisation de Brussels Airlines n’aurait-elle finalement pas conduit à une socialisation des pertes et une privatisation des profits ?


Le Parti du Travail d’Autriche analysait ainsi la situation : "C'est là aussi que toute la mendicité ambiguë du capital devient apparente : il diabolise tout contrôle étatique sur la production et le marché, même les structures de propriété. Elle a soi-disant besoin de la privatisation et du libéralisme du marché à tout prix, car les profits réalisés devraient finir dans les poches des capitalistes. Cependant, s'il y a des pertes, des symptômes de crise ou des investissements coûteux, l'État est soudainement sollicité : il doit alors régler la facture avec l'argent des contribuables, car le capitaliste n'est naturellement pas intéressé par les pertes. Du point de vue de la population, cela n'a aucun sens logique, que ce soit en tant que contribuables, employés ou clients : Il n'y a aucune raison rationnelle pour que les biens publics rentables soient vendus à des capitalistes privés, et encore moins à des étrangers. Et il n'y a aucune raison pour que l'État paie les pertes des entreprises privatisées. Mais dans la meilleure tradition du capitalisme monopolistique d'État, le gouvernement ne s'occupe pas des intérêts du peuple, mais seulement des profits du capital. C'est ainsi que cela fonctionne" (Lufthansa / AUA extorquent les cadeaux de l’argent des contribuables - Journal du travail (zeitungderarbeit.at))

Officiellement, l’AUA a donc été sauvée mais à quel prix ? Est-ce que les conditions de travail se sont aussi détériorées ? Après avoir reçu des centaines de millions d’euros d’aides publique, AUA a tout de même licenciés 850 travailleurs et pour rester « compétitive » (lire : offrir des dividendes après des pertes trimestrielles) doit en supprimer 500 autres. Dans le même temps, on apprend que Lufthansa recrutait 250 hôtesses pour Eurowings sa compagnie lowcost. La stratégie est claire : casser les contrats bien rémunérés avec une bonne protection sociale et réengager derrière moins cher et dans de moins bonnes conditions pour les travailleurs (source : L’AUA « sauvée » détruit 500 emplois supplémentaires - Journal du Travail (zeitungderarbeit.at))


Quelles conclusions tirer et quel est notre rôle en tant que communistes ?


Ces situations de crise doivent nous permettre de comprendre le rôle de l’État dans les rapports de production de capitaliste et par là-même de repenser la question et la pertinence de la revendication des « nationalisations ».


Notre rôle quant à lui est double voire triple : premièrement, nous devons développer la conscience de classe dans la classe ouvrière par rapport à son rôle historique révolutionnaire c’est-à-dire exproprier les expropriateurs. En effet, les capitalistes cherchent toujours à augmenter le taux d’exploitation et donc à détériorer nos conditions de travail. Si nous soutenons ainsi la lutte soutenir la lutte des travailleurs pour le maintien de leur emploi et pour empêcher la détérioration de leurs conditions de travail, nous devons faire comprendre qu'il n'y a pas de solution avec une lutte économique défensive. Nous devons dès lors travailler à dissiper les illusions qui peuvent tromper les travailleurs, et organiser une lutte offensive contre le capitalisme et ses institutions bourgeoises (l’État), travailler à l’unité internationale des travailleurs confrontés au même système prédateur et barbare et lutter pour une autre société où nos besoins seront satisfaits.


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